Page:Aimard - Les invisibles de Paris, 1893.djvu/704

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Le colonel appela un second Invisible.

— Monsieur Adolphe Blancas.

— Colonel ?

— Avez-vous réussi ?

— Oui.

— Tout est terminé ?

— Oui.

— Bien. Ainsi, vous êtes prêt ?

— Je le suis.

— Si dans trois jours vous ne recevez pas un contre-ordre, vous partirez…

— Où irai-je ?

— À New-York.

— Et là ?

— Vous attendrez de mes nouvelles.

Adolphe Blancas s’inclina.

Le colonel reprit :

— Tenez, voici des lettres d’introduction. Vous m’avez bien compris ?

— Parfaitement, colonel.

— Major, ajouta Martial Renaud, remettez cinquante mille francs comptant à M. Adolphe Blancas, et trois cent mille en traites sur New-York et Washington.

Le major obéit.

Pour l’étudiant comme pour le noble Écossais qui l’avait précédé, comme pour les autres Invisibles qui le suivirent, il y eut à recevoir de l’argent, des traites, et à signer le bordereau du major.

Nous glisserons désormais sur cette formalité, que chacun des missionnaires du chef suprême provisoire fut obligé de remplir.

Le jeune homme se retira après avoir recules dernières recommandations du colonel, qui continua de la sorte :

— Mon cher San-Lucar.

— Parlez, colonel.

— Le paquebot part dans trois jours de Liverpool pour la Havane.

— Eh bien ?

— Soyez dans trois jours abord du paquebot. Voici vos instructions renfermées dans ce pli. Rien ne vous retient à Paris ?

— Rien.

— Partez cette nuit.

— Dans une heure, je serai en route, répondit San-Lucar, serrant les instructions dans son portefeuille.

Le colonel lui fit remettre deux cent mille francs, traites et billets de banque.

Le comte de San-Lucar sortit à son tour.

De Rioban, appelé par le chef suprême, s’approcha de lui.

— Vous êtes remis de vos blessures, vicomte ? demanda ce dernier.

— Complètement, colonel.

— Vous sentez-vous assez fort pour voyager ?