Il reprit :
— Soyez franche, Edmée.
— Parlez.
— Chère Edmée !… fit le colonel Renaud avec émotion.
— Mon frère, que voulez-vous que je vous dise ? répondit-elle doucement, aussi émue que lui en réalité, mais froide et calme en apparence, soutenue qu’elle était par sa malice au milieu de son émotion.
— Rendez-moi, je vous prie, la justice de reconnaître…
— Quoi ?
— Que j’ai répondu jusqu’à présent avec une extrême complaisance et le plus clairement du monde aux questions qu’il vous a plu de m’adresser, reprit-il en souriant.
— Jusqu’à un certain point, je ne le nie pas, fit-elle en hochant la tête d’une façon tant soit peu mutine. Continuez.
— Me permettez-vous maintenant, ma chère Edmée, de vous adresser quelques questions à mon tour ?
— Sans doute.
— Merci.
— Mais sur quoi donc voulez-vous m’adresser ces questions, mon cher Martial ? reprit-elle avec inquiétude.
— Oh ! tranquillisez-vous, Edmée, je suis fort discret de ma nature, ce ne sera donc pas sur ce que vous avez fait ou tenté de faire depuis notre dernière entrevue.
— Ah ! vous le savez ?
Et elle rougit.
— Je le sais.
— Vous le savez ! répéta-t-elle.
— Croyez-vous que je m’intéresse assez peu à tout ce qui vous regarde, ma chère enfant, pour vous laisser ainsi voler de vos propres ailes, en l’absence de Noël !
— Ainsi, vous vous êtes occupé ?…
— De tout ce que vous faisiez… oui, mademoiselle.
— Et l’on vous a renseigné ?
— Sur tout.
— Et qui cela ?
— N’ai-je pas ma police ?
— Bien ; j’admets cela à la rigueur, mon bon Martial… mais ce n’est pas sur ce que vous connaissez, n’est-il pas vrai, que vous comptez m’interroger ? demanda-t-elle avec une secrète inquiétude.
— Je ne le pense pas, chère enfant, fit en riant Martial Renaud.
— Que me voulez-vous donc, alors, vilain homme ? fit-elle avec une mine ravissante.
— Vous me répondrez ?
— Oui.
— Franchement.
— Comme à un père… Je n’ai jamais eu de secrets pour vous, moi, vous