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Les Indiens l’avaient emmenée sous le couvert ; la malheureuse, inerte, domptée par la folie, s’était laissé conduire sans résistance.

Les aventuriers, pour faire honneur à l’hospitalité indienne, demeurèrent jusqu’au lendemain au lever du soleil dans le camp des Sioux, puis ils firent leurs adieux, remontèrent à cheval et reprirent le chemin de la ville.

La comtesse fut laissée au milieu des Indiens, pour qui elle était devenue digne de respect par sa folie.

Depuis lors on n’a plus entendu jamais parler d’elle.

Est-elle morte ? Est-elle vivante ? Nul ne saurait le dire.

Peut-être traîne-t-elle encore errante au milieu des déserts, à la suite de ses maîtres farouches, les restes de sa misérable existence !…

Dieu lui a-t-il pardonné ?

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Huit jours plus tard, au lever du soleil, le brick L’Éclaireur donnait, toutes voiles dehors, dans la passe de Golden-Gate, doublant majestueusement l’île d’Alcatraz.

Bientôt après, il n’apparaissait plus en haute mer que comme l’aile d’un alcyon se jouant gracieusement sur la lame.

L’Éclaireur emportait tous nos amis.

Ils venaient enfin d’accomplir la terrible mission que, à leur départ de Paris, leur avait confiée la Vente suprême.

Ils rapportaient, en outre, des trésors incalculables, abandonnant peut-être pour toujours les rives de la Californie.

Ils se dirigeaient, toutes voiles dehors, vers cette mystérieuse île d’Amsterdam située aux confins du monde, où ils étaient impatiemment attendus par les frères qui s’y étaient réunis de tous les points du globe.

Puis, ce devoir accompli, ils devaient retourner en France, à Paris, reprendre la tâche de régénération sociale, à laquelle ils s’étaient si généreusement dévoués.

Ici se termine le premier épisode de l’histoire que nous avons entrepris de conter à nos lecteurs, épisode qui n’est en réalité que le prologue de ce drame terrible que nous avons intitulé les Invisibles de Paris, et dont peut-être nous dirons dans un avenir prochain le dénoûment, si le lecteurs est intéressé à des personnages qui ne sont pas aussi fictifs qu’il le pourrait supposer.