des ; ceux-ci ont prévenu le capitaine Guichard dont le bâtiment est en partance, qu’il embarquerait et conduirait à Saint-Domingue avec tous les honneurs dûs à son rang, le comte de Médina Campo, nouveau vice-roi du Pérou, et sa famille ; de sorte que tout a été préparé à bord du navire le Coq pour recevoir ces illustres passagers. Arrivés à Saint-Domingue, rien ne sera plus facile à M. d’Ogeron, gouverneur de la partie française de l’île, que de faire conduire en sûreté le comte et sa suite sur le territoire espagnol.
— Tu es certain de ce que tu avances ?
— Tout ce qu’il y a de plus certain ; je le tiens du valet de chambre même du duc ; un grand sec, qu’on ne voit jamais que de profil, n’importe de quelle façon on le regarde.
— Bon ! s’écria l’Olonnais, je l’avais deviné !
— Toi ?
— Oui, mon cœur me l’avait dit ! s’écria-t-il en se frottant joyeusement les mains.
— Bah ! Pas possible !
— C’est si bien possible, reprit le jeune homme en riant, que je pars avec eux.
— Toi ?
— Oui. Écoute et tu verras si je me suis trompé.
Alors l’Olonnais raconta à son ami de quelle façon il s’était engagé à bord du Coq.
Pitrians l’écouta non pas avec surprise, mais avec une véritable stupeur.
— C’est égal, dit-il, en hochant la tête d’un air mécontent, tu as eu tort. Ton amour t’a fait faire une sottise. Tout cela te conduira Dieu sait où !
— Après nous la fin du monde ! s’écria l’autre d’un air délibéré.
— Tu raisonnes comme une calebasse, mais tu es mon ami ; je ne te dirai donc rien ; sinon que tu t’es mal conduit envers moi, en agissant ainsi que tu l’as fait sans me prévenir.
— Je ne te comprends pas, Pitrians.