qu’il plaça avec un soupir de satisfaction dans son portefeuille ; puis il sortit et monta à cheval.
— Nous avons tenu nos promesses ; dit un des inconnus avec un accent de menace, à vous de tenir la vôtre. Sachez bien que si vous n’accomplissez pas l’affaire dont vous vous êtes chargé, rien ne pourra vous soustraire à notre vengeance.
— Nous serons aussitôt que vous sur la Côte, ajouta le second d’une voix sombre.
— Messieurs, répondit le comte avec hauteur, vous avez ma parole de gentilhomme ; puisque vous me connaissez si bien, vous devez savoir que je n’y ai jamais manqué. Adieu et merci.
Et rendant la main à son cheval, il partit au galop.
— Au revoir, répondirent les inconnus d’une voix railleuse.
Dix minutes plus tard, le comte arrivait à Dieppe. Sans s’arrêter, il se rendait chez son créancier, acquittait sa dette, puis après avoir pris certaines dispositions, il montait dans un canot et se faisait conduire à bord du Coq ; fermement résolu à ne plus descendre à terre avant le départ.
En sa qualité de second du navire, le comte Horace était spécialement chargé de tout ce qui regardait l’aménagement intérieur du bâtiment ; de l’établissement des cabines, de l’arrimage et enfin de tous ces détails minutieux, que comporte l’installation d’un navire depuis les agrès, le lest ou le chargement, jusqu’à la nourriture et à la discipline de l’équipage et des passagers ; le premier capitaine ne s’occupant en général que de la route.
Lorsque le capitaine Guichard reçut l’ordre de prendre à son bord le duc de la Torre et sa famille, naturellement il communiqua cet ordre à son second, en laissant à ses soins les dispositions à prendre, pour que les nobles passagers se trouvassent le moins mal possible sur le Coq, pendant une traversée assez longue ; puisque,