Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/125

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que c’est demain à six heures du matin, que vous devez payer les cinq milles pistoles, que vous avez perdues hier, et que vous venez dans ce moment, d’aller vainement demander à un de vos amis ; sinon vous serez arrêté immédiatement ; cassé de votre grade, et cette fois sans rémission possible.

— Quand tout cela serait vrai, reprit le comte avec hauteur, qu’en résulterait-il ?

— Ceci tout simplement que, si vous consentez à nous suivre, dans un quart d’heure vous aurez les cinq mille pistoles que vous avez vainement cherchées ; et cinq mille pistoles en sus, sans compter le double de cette somme, dès que votre navire sera arrivé à Port-Margot, si vous consentez à votre tour à nous rendre le service que nous attendons de vous.

Le comte sembla réfléchir un instant, puis prenant son parti :

— Allons ! dit-il d’un ton résolu.

Et il s’éloigna à travers champs en compagnie des deux hommes.

Après avoir marché pendant quatre ou cinq minutes à peine, ils atteignirent une espèce de masure abandonnée dans laquelle le comte, après avoir mis pied à terre et attaché son cheval, pénétra à la suite de ses deux guides inconnus.

L’un d’eux alluma une chandelle de suif jaune, qu’il posa sur une table boiteuse, et la conversation s’engagea aussitôt entre les trois hommes.

Que se dirent-ils ? Quelles propositions furent faites au comte ? C’est ce que nous saurons bientôt. Mais ces propositions durent être terribles ; car le comte, qui cependant faisait profession de ne rien redouter au monde, et dont en ce moment la situation était réellement désespérée, hésita à les accepter.

Cependant, il paraît que les inconnus réussirent à vaincre ses scrupules et à obtenir son consentement ; car le comte reçut, séance tenante, dix mille pistoles en billets de caisse ; billets qu’il examina soigneusement et