Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/136

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suis prêt, si vous le désirez, à faire éveiller le capitaine et à lui soumettre cette question.

— Éveiller le capitaine pour une pareille niaiserie ! vous n’y songez pas, monsieur ! ce serait lui prêter à rire à nos dépens. Cordieu ! il ferait beau voir ! Je suis second capitaine du Coq, monsieur ! je sais à quoi ce grade m’oblige. Laissez-moi, je saurai faire mon devoir.

L’Olonnais s’inclina, et, après avoir écrit son rapport sur le livre de loch, il se coucha et ne tarda pas à s’endormir.

Le jeune homme était au milieu de son sommeil, lorsqu’un coup de canon, tiré, à ce qu’il lui sembla, tant le bruit était fort, presque à son oreille, le réveilla en sursaut.

Le jeune homme bondit hors de son branle, passa quelques vêtements et s’élança sur le pont.

Il faisait grand jour ; le Coq avait mis sur le mât ; un grand vaisseau espagnol se trouvait à demi-portée de canon par le travers du navire de la Compagnie et le tenait sous le feu de ses batteries.

Le capitaine Guichard se rendait dans son canot, à bord du croiseur.

L’équipage et les passagers du Coq groupés çà et là sur le pont, étaient en proie à une indicible terreur ; on n’entendait partout que des sanglots et des lamentations.

Le duc de la Torre se tenait un peu à l’écart avec sa famille ; sa qualité d’Espagnol et son titre de vice-roi du Pérou, suffisaient, non-seulement pour le faire respecter, mais encore pour le faire obéir des vainqueurs. Il était décidé à intervenir en faveur des Français, si la plus légère injure leur était faite ; mais les Espagnols agirent en honnêtes gens qu’ils étaient ; tout se passa convenablement.

Le comte Horace était pâle, défait, mais froid et impassible en apparence.

L’Olonnais s’approcha de lui.