V
COMMENT LA JUSTICE ÉTAIT RENDUE À BORD DES VAISSEAUX DE GUERRE DE S. M. LE ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE EN L’AN DE GRÂCE 1674
L’embarras de Vent-en-Panne fut extrême, lorsque l’Olonnais lui eut rapporté le crime qui avait été commis à bord du Coq.
— Au diable les cotillons ! s’écria-t-il à plusieurs reprises en frappant du pied avec colère ; il suffit d’une femme pour rendre fous les hommes les plus forts !
— Mais, capitaine, je vous jure que ces dames ne sont pour rien dans ce qui vient d’arriver, répondit l’Olonnais.
— Ces dames ! ces dames ! reprit Vent-en-Panne ; elles sont donc plusieurs ? Je ne m’étonne que d’une chose, cordieu ! c’est qu’avec un pareil chargement, vous ne vous soyez pas tous égorgés depuis longtemps !
— Oh ! capitaine ! Madame de la Torre et sa fille ! dit l’Olonnais d’un ton de reproche.
— Vous me la baillez belle avec madame de la Torre et sa fille ! reprit le fougueux flibustier, qui semblait avoir un parti pris à ce sujet ; qu’est-ce que cela me fait à moi ! Plus elles sont belles et sages en apparence, plus elles sont dangereuses ! Oh ! les femelles ! Voyez-vous, l’Olonnais mon garçon, moi Vent-en-Panne, le terrible flibustier, comme on me nomme, eh bien ! sur mon honneur, je préfère attaquer seul une cinquantaine d’Espagnols que d’avoir affaire à une femme !
— Allons donc ! vous plaisantez, capitaine !