Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/150

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— Non pas, corbleu ! Souvenez-vous de ceci : la femme tient à la fois de la torpille et du serpent, elle endort et fascine. Vous saurez cela un jour, ajouta-t-il d’un air tragique.

— Dieu m’en garde ! capitaine.

— À votre aise, fit Vent-en-Panne en haussant les épaules avec pitié. Pour moi une femme ne vaut pas cela ! et il fit claquer l’ongle de son pouce avec le médium.

— Quoi qu’il en soit, capitaine, reprit l’Olonnais renonçant à lui faire entendre raison, cet homme a assassiné le capitaine Guichard, lâchement et traîtreusement.

— Voilà bien ce qui me chiffonne ; pauvre capitaine Guichard ! Voyons ! je ne sais que faire, moi. Je suis d’avis de confier cette question si grave a M. de Lartigues. Il commande un vaisseau du roi, cela le regarde. Qu’en pensez-vous ?

— Je partage entièrement votre opinion, capitaine ; c’est à M. de Lartigues qu’il faut laisser juger cette affaire.

— En effet ; rien n’est plus simple, mon garçon. Remettez-moi votre rapport. C’est bien. Maintenant attendez-moi ici ; je serai bientôt de retour. Oh ! les maudites femelles.

Et Vent-en-Panne, laissant le jeune homme sans plus de cérémonies, profita d’une des nombreuses embarcations occupées en ce moment à effectuer le transport des prisonniers espagnols, pour retourner à bord du Robuste.

L’Olonnais se trouvant assez dépaysé à bord de ce grand vaisseau où il ne connaissait personne, commença à se promener de long en large sur le pont selon l’habitude des marins, en attendant le retour de Vent-en-Panne.

Il se promenait ainsi tout en réfléchissant, depuis quelques instants, quand il s’entendit appeler par le comte Horace.