Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/15

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sitation dans la voix, vous savez, n’est-ce pas, que les médecins sont comme les confesseurs ?

— Je le sais, oui, monsieur ; comme eux, nous exerçons un sacerdoce ; nous guérissons autant de plaies morales, que d’affections physiques ; aussi peut-on tout confier à notre honneur.

— Eh bien ! docteur, puisque nous avons une heure devant nous, ainsi que vous me l’avez affirmé…

— Je vous l’affirme encore, monsieur.

— Soit, je profiterai de ce répit qui m’est accordé, pour avoir avec vous, si vous y consentez, une explication franche et loyale.

— À votre aise, monsieur ; je vous ferai remarquer cependant que je ne vous demande rien ; que je ne cherche en aucune façon à provoquer vos confidences.

— Je le reconnais et je vous en remercie, monsieur, mais mon cœur se brise, les remords me poignent ; je veux tout vous dire ; ma conscience me reproche non-seulement les fautes que j’ai commises ; mais, vous le dirai-je, les crimes que peut-être je me laisserai entraîner à commettre ?

— Prenez garde, monsieur, ces dernières paroles sont graves ; je ne sais si je dois vous laisser aller plus loin.

— Que voulez-vous dire, monsieur ?

— Cette confidence que vous vous préparez à me faire, me constituera presque votre complice.

— Ne l’êtes-vous pas déjà, monsieur ?

— Nullement, monsieur.

— Comment, nullement ? N’avez-vous pas accepté toutes les conditions que nous vous avons posées ?

— Certes, mais permettez, monsieur ; ces conditions n’ont rien que de très-honorables pour moi ; si vous les avez oubliées, je vous les rappellerai en deux mots : un homme masqué m’est venu trouver à Talmont, au milieu de la nuit ; il m’a proposé de donner mes soins à une jeune femme sur le point d’accoucher, m’avertissant que, pour des raisons intéressant l’honneur de deux