profonde, que tout autre qu’un médecin expérimenté s’y tromperait et la croirait morte.
— C’est vrai ! murmura le marin avec accablement, tout cela est vrai ; je chercherais vainement à le nier ; votre science me confond… Ainsi, la pauvre enfant ?…
— Elle accouchera pendant sa léthargie.
— Cette nuit même ?
— Avant une heure.
— Et, elle ne court aucun danger sérieux ?
— Aucun, je vous l’affirme ; seulement, croyez-moi, réprimez le zèle de vos amis, et ne recommencez plus une semblable expérience, elle pourrait être mortelle.
— Ainsi, vous supposez ?
— Je ne suppose rien, Dieu m’en garde ! je ne connais pas vos amis, moi ! Vous seul pouvez savoir si quelques-uns d’entre eux ont intérêt à faire disparaître du même coup la mère et l’enfant ; quelques gouttes de plus de cette liqueur, la chose était faite aujourd’hui. Vous voilà averti ; c’est à vous à faire bonne garde, si vous voulez éviter un malheur.
— Oh ! c’est affreux ! murmura le marin, en cachant son visage dans ses mains.
Il y eut un assez long silence.
Le médecin était retourné au chevet de la malade, dont il interrogeait le pouls avec anxiété.
Le marin, en proie à une vive agitation, marchait de long en large dans la chambre.
— Monsieur, dit-il enfin, en s’approchant du médecin, voulez-vous m’accorder quelques minutes d’entretien ?
— Je suis à vos ordres, monsieur ; la délivrance n’aura pas lieu avant minuit, et il est à peine onze heures.
Ils prirent des sièges, le médecin se plaça de façon à pouvoir surveiller constamment la malade.
— Parlez, je vous écoute, monsieur, dit-il en s’inclinant devant son interlocuteur.
— Monsieur, répondit celui-ci avec une nuance d’hé-