solations religieuses. Vous n’avez plus rien à faire dans ce monde, ajouta-t-il en s’adressant au misérable ; réconciliez-vous avec le ciel, si vous le pouvez.
Une heure plus tard, tout l’équipage du Robuste était sur le pont en tenue de combat. À bord du Santiago et du Coq, les matelots étaient debout sur les vergues, pour assister à l’exécution.
Le barberot, aidé du chirurgien, avait fait envelopper d’un lambeau de toile le cadavre du capitaine Guichard dépouillé de ses vêtements, et transporter sur le château d’avant.
Un roulement de tambours se fit entendre : le comte Horace parut. Sa contenance n’avait pas changé, elle était toujours fière et provocante. Il avait les mains liées derrière le dos avec une corde qu’un caporal tenait par son extrémité ; une forte escorte entourait le condamné.
Arrivé au pied du grand mât, le sinistre cortège fit halte. Les tambours roulèrent une seconde fois, puis le prévôt lut au comte l’arrêt prononcé contre lui, et signé de tout le conseil.
Le comte Horace ne dit pas un mot ; il haussa dédaigneusement les épaules, monta sur le château d’avant et se laissa étendre par les équipemans, c’est-à-dire les chefs de hune, sur le cadavre glacé de sa victime.
Malgré toute sa féroce énergie le comte tressaillit à cet horrible contact ; l’effroyable sensation qu’il éprouva lui arracha un cri de douleur et de répulsion.
Le cadavre vivant fut lié dos à dos à l’autre ; un cartahu passé à l’extrémité tribord de la vergue de misaine les enleva tous les deux hors du navire, où ils demeurèrent suspendus et tournoyants, pendant quatre ou cinq minutes.
Les tambours battirent un ban, un pavillon jaune fut hissé au grand mât et un coup de canon à poudre, tiré sous le vent, pour annoncer à tous, que justice était faite. Quand tous les hommes des trois équipages eurent bien vu ce qui se passait, et compris toute l’horreur de ce supplice épou-