Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/163

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— Vous allez l’entendre lire. Et se tournant vers le rapporteur : Lisez la loi afin que l’accusé n’en ignore.

Le capitaine ouvrit un énorme in-folio placé près de lui, puis il se leva après l’avoir feuilleté un instant.

Le capitaine lut d’une voix ferme et parfaitement accentuée les paragraphes suivants :

— Art. 37. Ordonnance de 1634 : « Si quelqu’un tire le cousteau dans le navire, encore qu’il ne blesse point, il sera percé avec le cousteau à travers de la main contre le mât. »

— Que m’importent ces fadaises ? dit dédaigneusement le comte.

— Attendez, monsieur, reprit paisiblement le capitaine. Voici ce qui vous regarde :

Et il continua :

— Art. 40. Même ordonnance royale de 163  : « S’il advenait que quelqu’un tuast son compagnon ou le blessast en sorte qu’il en mourust, on attachera le mort avec le vivant dos à dos et seront jettez à la mer ; et s’il est à terre, sera exécuté à mort. »

Le capitaine rapporteur ferma le livre et se rassit au milieu d’un silence de plomb.

— Vous avez entendu, dit le commandant, qu’avez-vous à ajouter pour votre défense ?

— Rien, répondit le comte avec un éclat de rire nerveux. Je vous remercie, mon oncle ; que mon sang retombe sur votre tête !

— Je ne fais pas la loi, je l’applique, répondit froidement le commandant. Et se tournant vers les membres du conseil : Quel châtiment infligez-vous au coupable ? leur demanda-t-il.

— La mort ! répondirent-ils tous sans hésiter.

— Allez ! infortuné, dit alors M. de Lartigues au comte Horace ; dans une heure le prévôt aura exécuté la loi. Lieutenant, emmenez le condamné ; descendez-le dans la fosse aux lions, où M. l’aumônier ira lui porter les con-