reçu l’ordre de nous rendre au gouvernement à une heure ?
— Je n’en sais rien pas plus que toi, mais qu’importe ?
— Hum ! J’ai pour principe de toujours me méfier de l’inconnu. Tu es heureux toi, le célèbre Vent-en-Panne t’a pris en amitié.
— Il est probable alors, qu’il m’achètera demain à la vente.
— Il t’achètera ?
— Dame ! Est-ce que tu ne te souviens plus que nous avons un apprentissage de cinq ans à faire, avant que d’être reçus boucaniers ?
— Moi, à la rigueur c’est possible, quoique je sois aujourd’hui premier lieutenant du vaisseau le Coq, mais toi qui en es le capitaine ?
— Mon cher Pitrians, sois bien convaincu qu’on ne refera pas la loi à cause de nous ; elle est précise ; nous la connaissions avant de nous embarquer, n’est-ce pas ?
— Malheureusement oui.
— Eh bien ! maintenant il nous faut la subir.
— C’est dur, sacredieu ! Après tout, puisqu’il le faut, il le faut. Quelques années d’esclavage sont bientôt passées.
— Tu en jugeras. Mais dis-moi, cher ami, sais-tu où notre passager a été conduit par M. d’Ogeron, en descendant à terre hier soir ? je n’ai pas pu quitter le navire de sorte…
— Que tu voudrais le savoir, hein ? Rien de plus simple, comme dit ton ami le capitaine Vent-en-Panne ; vois-tu ici, à notre droite, le fort qui commande l’entrée de la rade ?
— Pardieu !
— Très-bien. À cent cinquante pas environ des glacis du fort, tu aperçois cette charmante maison dont le toit est plat ?
— Oui, je la vois.
— Eh bien ! cher ami, c’est là que demeure provisoi-