Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/215

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— Excusez-moi de ne pas vous répondre, cher ami ; chacun a ses secrets, j’ai les miens comme sans doute vous avez les vôtres.

— C’est juste, continuez.

— J’ignore comment il se fit que votre navire arriva sur rade presque en même temps que le Robuste, le Santiago et le Coq ; toujours est-il que cela est.

— Le hasard…

— Oui, disons le hasard, cela explique tout. D’ailleurs le hasard est comme Atlas, ses épaules sont larges et solides. À peine mouillé, vous descendez à terre, vous vous rendez chez M. d’Ogeron et là encore, le hasard vous vient en aide, en vous plaçant à l’improviste en face de M. le duc de la Torre auquel vous vous faites présenter et que vous accablez de témoignages d’amitié si vifs que le digne gentilhomme s’est cru, par reconnaissance, obligé de vous adresser une invitation pour le dîner d’aujourd’hui.

— Que voyez-vous donc là d’extraordinaire, mon cher Montbarts ?

— Rien en effet, excepté ceci : Vous ne vous êtes fait inviter à ce repas que pour faire un esclandre et chercher une querelle non pas à l’Olonnais que vous ne connaissez pas, mais à Vent-en-Panne que vous espériez rencontrer chez le duc de la Torre, et s’y serait trouvé en effet, si je ne l’avais pas dissuadé de s’y rendre.

— Ah ! c’est vous qui l’en avez empêché ! fit Bothwell en fronçant le sourcil.

— Mon Dieu oui, cher ami, c’est moi ! Votre querelle avec l’Olonnais n’a donc été que la conséquence de votre mauvaise humeur, en voyant vos calculs déjoués ; car vous n’en voulez aucunement à ce jeune homme, n’est-ce pas ?

— C’est vrai ! Il y a une heure, j’ignorais même qu’il existât, et cependant je le tuerai.

— Ceci n’est pas encore prouvé. Nous attendrons jusqu’à demain avant de savoir qui de vous deux tuera l’autre.