Vent-en-Panne surtout.
Pourquoi Bothwell le haïssait-il plus que les autres ?
Ceci était un secret, connu des deux flibustiers seuls.
Nous avons tenu à bien faire connaître Bothwell, parce que cet homme est appelé à jouer un rôle assez important dans cette histoire.
Bothwell avait continué, tout en se promenant, à s’éloigner de la maison du duc de la Torre, dont les contours s’effaçaient déjà dans les ténèbres, et dont les lumières étaient à peine visibles ; arrivé à un certain point du rivage, s’avançant un peu dans la mer et devinant une espèce de cap de très-médiocre étendue, le flibustier s’arrêta, jeta autour de lui un regard investigateur comme pour percer les ténèbres, et s’assurer que nul espion blotti dans l’ombre ne surveillait ses mouvements ; mais l’obscurité était profonde, il ne vit rien ; il prêta l’oreille, il n’entendit d’autre bruit que celui du ressac de la mer brisant contre les rochers de la Côte, bruissant à travers les galets, et les chants avinés des buveurs dans les tavernes lointaines.
Le flibustier siffla alors doucement et d’une façon particulière à deux reprises différentes ; presque aussitôt un bruit de rames se fit entendre, et l’avant d’une pirogue grinça sur la plage.
— Est-ce toi, Franck ? demanda Bothwell d’une voix étouffée.
— Qui serait-ce, sinon moi ? By god ! répondit une voix bourrue, qui serait assez sot, pour attendre ainsi, blotti comme un Lamentin dans les rochers, par cette nuit infernale ?
— Allons, ne te fâche pas, grognon ! reprit en riant le flibustier, me voilà !
— Pardieu ! vous me baillez là une bonne nouvelle ! répondit le matelot dont la gigantesque silhouette était alors parfaitement visible, vous aurez mis le temps à venir !
— C’est bon ! il ne s’agit pas de cela ; garde tes réflexions pour toi, répondit sèchement le flibustier.