sion narquoise qui n’était pas exempte de dédain.
Enfin, celui qui se faisait appeler le Chat-Tigre se décida à prendre la parole, non cependant sans avoir échangé un regard d’intelligence avec son compagnon.
— Capitaine, dit-il, nous voulons jouer cartes sur table avec vous, afin que nous puissions bien nous entendre.
— À votre aise, messieurs, si vous le désirez, je vous donnerai, moi, l’exemple de la franchise, répondit Bothwell d’une voix railleuse.
— Qu’est-ce à dire ? fit Chanteperdrix avec hauteur.
— Pardieu ! comme disent les Français, reprit le boucanier, croyez-vous par hasard que je me suis rendu à Saint-Domingue à l’aveuglette et sur votre seule parole ? Je serais un grand sot d’avoir agi ainsi ; vous vous gausseriez de moi, et vous auriez raison.
— Je ne vous comprends pas, capitaine ; vous parlez par énigmes, dit le Chat-Tigre.
— Nullement, mes maîtres, je parle franc. Lorsque votre émissaire m’a remis votre lettre, lettre dans laquelle vous me proposiez une affaire, devant me rapporter un bénéfice net de 200,000 livres, la pomme me parut, ce qu’elle est en effet, c’est-à-dire fort belle. J’aime l’or, je ne m’en cache pas ; je ne me suis fait flibustier que pour en amasser en peu de temps, le plus possible ; mais je ne suis pas un niais facile à piper ; avant de quitter la Jamaïque et de me rendre ici, où vous m’aviez assigné rendez-vous ; je suis allé tout droit chez le banquier auquel, me disiez-vous, toujours dans votre lettre, les 200,000 livres avaient été confiées par vous, pour être mises à ma disposition après le succès de l’affaire en question.
— Eh bien ? firent les deux hommes, l’argent est déposé.
— Et me voilà ! reprit-il ; les bons comptes font les bons amis : une fois certain de votre loyauté, je me suis rendu à votre appel ! J’attends maintenant que vous me disiez quelle est cette affaire pour laquelle vous me vou-