lez payer une pareille somme ; si je ne me trompe, elle doit être grave et surtout difficile ; donc je brûle de la connaître.
— Fort bien, capitaine, nous ne mettrons pas votre curiosité à une longue épreuve, dit le Chat-Tigre ; à présent surtout que votre présence ici nous assure de votre concours.
— Pardon, messieurs, je n’ai encore dit ni oui, ni non ; je n’ai pas pour habitude de conclure de semblables affaires sans les connaître ; je n’ai aucune opinion préconçue ; je me réserve ; expliquez-vous d’abord : puis quand vous m’aurez tout dit, je vous répondrai franchement. Diable ! fit-il en riant ; je ne me soucie pas d’acheter chat en poche.
— Cependant, capitaine, dit Chanteperdrix, il se peut faire que lorsque nous vous aurons confié notre secret, vous refusiez de vous associer à nos projets ?
— Ce n’est pas probable, mais c’est possible.
— Bah ! fit le Chat-Tigre en ricanant, vous accepterez ; 200,000 livres ne se trouvent pas toujours ainsi.
— C’est vrai ; 200,000 livres sont bonnes à gagner ; mais ce n’est pas une fortune, après tout !
— Ainsi vous persistez dans votre résolution ?
— Avec acharnement.
— Mais, au cas où nous ne nous entendrions pas, qui nous garantit votre silence ?
— Ma parole, messieurs ! répondit-il avec hauteur, la parole de Astor Bothwell !
Il y eut un court silence ; le capitaine le rompit.
— D’ailleurs, messieurs, dit-il avec ironie ; il me semble que vous vous y prenez un peu tard, pour vous aviser de telles subtilités ; non-seulement je suis renseigné sur votre fortune immense, paraît-il, mais encore j’ai obtenu sur vous certains renseignements suffisants pour vous perdre si telle était ma pensée ; ainsi, croyez-moi, jouons cartes sur table, ainsi que vous le disiez si bien tout à l’heure.