Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

considérations sont sérieuses ? laissez maugréer les Gavachos et moquez-vous d’eux. Quant à moi, mon influence est grande, vous le savez ; je réussirai à faire revenir mes amis de la mauvaise opinion qu’ils ont de vous ; bientôt vous serez considérés ici, et admis sur le même pied que nous le sommes tous ; est-ce entendu ?

— Pardieu ! vous avez raison, capitaine, fit Chanteperdrix, le Chat-Tigre vous dira que j’ai toujours pour ma part été opposé à cette affaire ; que nous importe l’Espagne ? c’est des flibustiers que nous devons avoir souci. Capitaine Bothwell, vous avez ma parole.

— Et la mienne, capitaine ; ajouta le Chat-Tigre ; vos raisons sont excellentes, il est impossible de ne pas être de votre avis.

— Eh bien, sur ma foi ! messieurs, votre détermination me fait plaisir ; cette fois je vous dis, en toute sincérité : vous pouvez compter sur moi ; au revoir, messieurs.

Les trois hommes se saluèrent, puis les deux étrangers quittèrent la maison, dont la porte fut solidement barricadée derrière eux par Danican, et ils se dirigèrent vers le rivage, éloigné d’environ une demi-lieue de la maison.

Ils marchèrent assez longtemps côte à côte sans échanger une parole. La lune était levée, la nuit si sombre quelques heures auparavant, était maintenant claire, étoilée, tiède et embaumée d’âcres senteurs marines ; l’atmosphère d’une grande pureté permettait de distinguer à une longue distance les divers accidents du paysage, dont les masses confuses prenaient sous les rayons lunaires, une apparence fantastique.

Quand ils eurent atteint le bord de la mer, les deux hommes firent halte ; non loin de l’endroit où ils s’étaient arrêtés, une pirogue était tirée sur le sable, un homme la gardait.

En apercevant les étrangers, il parut les examiner attentivement pendant quelques secondes, puis satisfait