Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/258

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sans doute de ce muet examen, il siffla d’une certaine façon à deux reprises différentes.

Le Chat-Tigre répondit aussitôt par un sifflet semblable.

L’inconnu se rapprocha alors tout à fait de la pirogue, la fit glisser sur le sable, la mit à l’eau, sauta dedans, saisit les avirons, et saluant les deux hommes en ôtant son bonnet :

— Paré ! leur dit-il.

— Attends et veille au grain ; répondit le Chat-Tigre.

Puis se tournant vers son compagnon :

— Eh bien ? lui dit-il.

— Eh bien ? répéta laconiquement l’autre.

— Que penses-tu de ce qui s’est passé ?

— Beaucoup de choses.

— Bonnes ou mauvaises ?

— Bonnes et mauvaises ; plutôt mauvaises que bonnes.

— Ainsi tu n’as pas confiance dans la loyauté du capitaine Bothwell ?

— Très-peu.

— Cependant nous avons sa parole ?

— Cela ne signifie rien.

— Alors, à ton avis ?

— Nous avons agi comme des niais ; cet homme sait beaucoup trop de choses sur nous pour que l’envie ne lui vienne pas de nous trahir.

— Tu as peut-être raison, mon frère.

— J’ai raison certainement. Si nous ne le surveillons pas ; si nous le quittons un instant des yeux, nous sommes perdus ; il joue avec nous un double jeu ; c’est facile à voir.

— Ainsi nous ne partirons pas ?

— Au contraire, ainsi que tu le lui as annoncé, dans une heure nous serons sous voiles.

— Mais ?…

— Attends ; dès que le brick aura appareillé, nous