Les duels simples avaient lieu, lorsque deux Frères de la Côte s’étaient pris de querelle après boire ; et emportés par la colère, sans autrement s’en vouloir d’ailleurs, s’étaient jetés à la face certaines injures, exigeant une réparation par les armes.
Les deux adversaires étaient, en ce cas, placés à cent pas l’un de l’autre, le fusil à la main, et à un signal donné, ils tiraient ensemble.
L’adresse des flibustiers était proverbiale ; ils coupaient sur l’arbre, la queue d’une orange, avec une balle, à cent cinquante pas ; leurs fusils fabriqués exprès pour eux, par deux armuriers spéciaux, de Nantes et de Dieppe, Bracchie et Gelin, avaient une portée extraordinaire et une justesse remarquable ; de plus ils se servaient d’une poudre excellente, nommée poudre de flibuste, que seuls, ils possédaient ; aussi, huit fois sur dix, les duels simples entraînaient-ils mort d’homme.
Le duel sérieux était plus compliqué ; après l’échange des deux balles, si les adversaires restaient debout, ils s’armaient chacun d’une hache d’abordage, et combattaient jusqu’à ce que mort s’ensuivît, pour l’un ou pour l’autre ; presque toujours, tous deux restaient sur le terrain.
On citait, comme un véritable miracle, un duel dont le beau Laurent était sorti sans une égratignure, après avoir fendu le crâne à son adversaire.
Cette fois, il s’agissait d’un duel sérieux ; Bothwell avait déclaré ne pas en accepter d’autre.
La discussion entre Montbarts et Danican fut longue ; les deux témoins ne réussissaient pas à s’entendre ; enfin après bien des hésitations, ils parvinrent à tomber d’accord.
Montbarts avait apporté deux haches d’abordage ; elles furent soigneusement examinées, puis remises aux deux adversaires, dont les fusils furent chargés avec la plus scrupuleuse attention ; enfin on convint que les combattants, à un signal donné par Montbarts, épauleraient et tireraient sans viser.