Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ici que quatre ; vous, Danican, votre témoin, l’Olonnais votre adversaire, et moi chargé de défendre les intérêts de mon jeune ami.

— Soit, monsieur, veuillez venir au fait, s’il vous plaît ?

— La place où nous sommes vous convient-elle ?

— Parfaitement.

— Nous y demeurerons donc ; sans doute vous avez donné vos instructions à Danican.

— Oui, monsieur ; vous pouvez tout régler avec lui.

En effet, Bothwell avait proposé au boucanier de l’assister ; celui-ci n’avait aucun motif pour lui refuser de lui rendre ce service ; il avait d’autant plus volontiers consenti, que Bothwell était étranger, et sans aucun ami auprès de lui.

Montbarts salua le capitaine, fit à Danican, signe de le suivre, et tous deux, après s’être un peu retirés à l’écart, commencèrent à discuter les conditions du duel.

Les rencontres entre boucaniers n’avaient aucune ressemblance avec les duels de nos jours ; rencontres pour la plupart élégantes, à l’eau de rose, où l’on s’égratigne à peine l’épiderme ; et dont certains journalistes de Paris ou d’autre part, savent dans leurs feuilles respectives, se faire de charmantes réclames, qui ne trompent personne.

Les boucaniers étaient des natures incultes, presque sauvages ; des organisations nerveuses et énergiques ; poussant tout à l’extrême, la haine comme l’amitié ; le courage surtout, était chez eux de la férocité. Ils n’admettaient aucune concession puérile, aucun raffinement autre que celui de la bravoure ; ils ne se battaient que pour des motifs sérieux ; mais alors ils se battaient réellement ; sans trêve ni merci ; avec toute l’implacable cruauté des fauves, auxquels ils ressemblaient sous tant de rapports.

Il y avait deux catégories de duels.

Les duels simples et les duels sérieux.