de plus en plus étouffante, tous dormaient ; les chiens exceptés, bien entendu.
Nous profiterons du sommeil de nos personnages, pour expliquer au lecteur, ce qui s’était passé depuis le duel de l’Olonnais avec Bothwell ; et pourquoi les deux frères de la Côte, que nous venons de mettre en scène, se trouvaient embusqués avec leurs engagés, sur la frontière espagnole.
Afin de rendre cette explication claire, et surtout compréhensible, il nous faut faire reculer notre récit de deux mois et demi environ ; en effet deux mois et demi s’étaient écoulés depuis les événements par lesquels se termine notre précédent chapitre, jusqu’au moment où nous retrouvons Vent-en-Panne et l’Olonnais, avec leurs engagés, presque en vue du gros bourg fortifié de San Juan de la Maguana.
L’Olonnais avait été blessé, ou plutôt contusionné par Bothwell ; il n’avait échappé à la mort, que grâce à un de ces hasards providentiels, qui ressemblent singulièrement à des miracles.
Voici le fait :
Lorsqu’au signal donné par Montbarts, les deux adversaires avaient tiré l’un sur l’autre, l’Olonnais avait, peut-être d’une demi seconde, prévenu son ennemi, et lâché avant lui la détente de son arme ; ce laps de temps si court, et si inappréciable qu’il paraisse, avait suffi en réalité pour faire dévier légèrement la balle parfaitement dirigée de Bothwell. Au lieu de frapper le jeune homme au cœur, ce qui serait inévitablement arrivé, sans la circonstance que nous signalons, elle s’était aplatie sur le sac à balles suspendu à sa ceinture ; mais le contre coup avait été terrible ; l’Olonnais avait presque perdu connaissance ; pendant une minute ou deux, essayant vainement de reprendre sa respiration, et se croyant sur le point d’étouffer : cette contusion lui avait causé une maladie assez sérieuse pour l’obliger à se faire soigner par Olivier Œxmelin, l’engagé de Vent-en-Panne, assez bon chirurgien ainsi que nous l’avons dit ; celui-ci l’avait