Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/312

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Surpris à l’improviste, mal armés, croyant avoir affaire à des forces supérieures, les Espagnols déjà ébranlés par l’énergique résistance de leurs premiers adversaires, perdirent complétement courage et prirent la fuite, dans toutes les directions, en jetant leurs armes et poussant des cris d’épouvante.

Un grand nombre de soldats des deux cinquantaines, n’essayèrent même pas de se dérober à leur sort ; ils s’agenouillèrent, et tendirent les bras, en implorant mais vainement, la pitié de leurs féroces ennemis.

Au plus fort de la lutte, l’Olonnais aperçut un groupe d’une dizaine d’hommes, reculant sans cesser de combattre, mais en essayant d’atteindre le couvert de la forêt, dont en effet, ils ne se trouvaient plus qu’à une faible distance.

Au milieu d’eux, ces hommes s’efforçaient d’entraîner deux femmes, qui se débattaient et imploraient du secours avec désespoir.

Ces deux femmes, l’Olonnais les avait reconnues ; c’étaient la duchesse de la Torre et sa fille.

Oubliant tout, pour ne plus songer qu’à ces infortunées dont l’une lui était si chère, le jeune homme bondit vers l’endroit où elles se trouvaient, et poussant un cri de rage terrible, il se rua au milieu des Espagnols, sans calculer leur nombre, se servant du fusil, comme d’une massue, et abattant un homme à chaque coup.

Cependant la partie n’était pas égale ; l’Olonnais affaibli par la maladie, n’avait pas sa vigueur habituelle ; malgré ses efforts désespérés peut-être aurait-il succombé sous le nombre, si Vent-en-Panne, qui de loin veillait sur son matelot, ne se fût aperçu du péril dans lequel il se trouvait.

Il se hâta d’accourir suivi de deux ou trois de ses compagnons.

Les Espagnols, désespérant alors de conserver leurs captives, les abandonnèrent et se jetèrent en toute hâte sous le couvert.

Les deux dames étaient sauvées !