Après une courte discussion, le commandement fut, d’un commun accord, donné à Montbarts.
Le célèbre flibustier se mit froidement et le sourire aux lèvres, à organiser la défense, sous le feu même de l’ennemi.
Le duc de la Torre voulut alors intervenir : il proposa de se faire connaître des assaillants ; convaincu que lorsque ceux-ci sauraient son nom, ils cesseraient leur attaque et se retireraient.
— Non ; lui répondit nettement M. d’Ogeron ; nous ne devons pas vous exposer à ce danger ; ces hommes sont peut-être des brigands ; d’ailleurs vous êtes sous la sauve-garde de notre honneur ; nous saurons vous défendre.
— Quels que soient ces gens, ajouta Montbarts, ce ne sont pas des rôdeurs de savane, comme nous sommes habitués à en rencontrer journellement. Ils connaissent parfaitement votre présence parmi nous. Leur résolution peu ordinaire ; la façon dont ils ont dressé cette embuscade, le prouvent. Il y a dans cette affaire quelque chose de sombre et de mystérieux que je ne m’explique pas. Qui sait, M. le duc, continua-t-il avec un sourire sardonique, peut-être est-ce à vous surtout que ces drôles en veulent ; et devez-vous redouter, plus encore que nous-mêmes, de tomber entre leurs mains ?
— Je ne sais que vous répondre ? dit le duc en hochant la tête d’un air pensif ? peut-être avez-vous raison ; et cette attaque, si bien combinée, cache-t-elle un ténébreux complot, qu’il importe de déjouer ? faites donc à votre guise, messieurs, et comptez sur moi, comme je compte sur vous.
— Voilà qui est parler ; ces coquins ne nous tiennent pas encore ; dit Montbarts en riant. Vive Dieu ! il leur en cuira d’avoir osé s’attaquer à nous ! mais comme il est inutile que vous vous compromettiez dans une querelle, qui, en apparence du moins, vous est étrangère, mes compagnons et moi, nous vous supplions de rester neutre pendant la bataille.