Ces deux hommes étaient ceux dont Vent-en-Panne voulait à toute force s’emparer.
Après avoir déchargé leurs fusils contre les flibustiers, ils échangèrent quelques rapides paroles à voix basse ; et se séparant brusquement, ils s’élancèrent à corps perdu dans les broussailles, en ayant soin de prendre chacun une direction différente.
Vent-en-Panne, sans plus s’occuper du Poletais, qui dès ce moment n’avait plus besoin de son secours, partagea sa troupe en deux parties et se lança sur les traces des deux hommes.
Cette fois, ce ne fut plus une poursuite, mais une véritable chasse à l’homme ; chasse implacable, sans trêve ni merci, dans laquelle les fugitifs devaient, à moins d’un miracle, tomber, morts ou vivants, entre les mains des chasseurs.
L’homme auquel Vent-en-Panne s’était attaché, parce qu’il se trouvait plus près de lui, détalait avec une vélocité véritablement extraordinaire ; tout en profitant de tous les accidents de terrain, des rochers ou des buissons qu’il rencontrait sur son passage, pour charger son fusil et faire feu, presque au juger, avec une adresse remarquable, sur les flibustiers acharnés à la poursuite.
Quelqu’il fût, il y avait quelque chose de grand et de noble dans cette fuite hautaine de cet individu, qui ne s’abandonnait pas, lorsque tout lui manquait ; continuait à combattre seul, et à protester à chaque pas, par ses coups de feu, sans songer à se rendre.
Le fugitif avait blessé déjà trois ou quatre flibustiers plus ou moins grièvement ; il se rapprochait rapidement des rives de l’Artibonite ; s’il réussissait à franchir cette rivière, son salut devenait presque certain ; en admettant que ses forces ne le trahissent pas, il lui serait alors facile de s’engager dans les mornes, et de s’y cacher au fond de retraites inconnues, où il serait à l’abri de toutes poursuites.
Vent-en-Panne, malheureusement pour le fugitif, avait deviné son projet ; aussi jusque-là, il avait con-