Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/340

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Cette lumière provenait d’un feu assez ardent, allumé à l’entrée d’une de ces cavernes, que l’on rencontre si souvent dans les mornes ; seulement pour bien la distinguer, il fallait être placé directement en face d’elle ; plusieurs bouquets d’arbres très-touffus épars çà et là empêchaient de la voir obliquement.

Deux hommes étaient assis près du feu ; Vent-en-Panne éprouva en les reconnaissant une surprise fort peu agréable.

Le premier était le Chat-Tigre, le second Bothwell. Accroupis en face l’un de l’autre, ils fumaient silencieusement, en laissant errer leurs regards dans l’espace, comme des gens qui cherchent et attendent à la fois.

Les quatre inconnus pénétrèrent dans la grotte ; sans prononcer un mot, ils prirent place autour du feu.

Vent-en-Panne se rapprocha le plus possible, en se glissant d’arbre en arbre, suivi pas à pas par son venteur, qui semblait, la bonne bête, avoir deviné qu’il s’agissait d’une embuscade, et que par conséquent, le silence et la prudence étaient de rigueur. Lorsqu’il se fut complétement dissimulé au milieu d’un fourré de goyavers et de chirimoyas, poussés à l’aventure autour d’une dizaine de liquidembars, le flibustier fit d’un geste, coucher le chien à ses pieds ; puis il pencha la tête en avant et inspecta curieusement les étranges compagnons que lui fournissait le hasard.

Parmi les quatre nouveaux venus, se trouvait Chanteperdrix ; les trois autres personnages, Vent-en-Panne ne les connaissait pas. Ce fut en vain qu’il se tortura la mémoire pour se rappeler leurs traits ; force lui fut de s’avouer que jamais il ne les avait vus jusqu’à ce moment ; seulement il acquit la certitude qu’ils étaient espagnols ; leur costume, leurs manières, leurs traits anguleux, leur teint olivâtre, tout enfin dénotait clairement leur origine castillane.

Les six hommes semblèrent s’examiner à la dérobée