Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/346

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— Et vous serez bien reçu, señor, pour tout le temps qu’il vous plaira de demeurer avec nous.

Don Antonio se leva ; les autres l’imitèrent ; il y eut un échange rapide de politesse ; puis les quatre Espagnols s’éloignèrent, du même pas pressé, qu’ils avaient adopté pour venir.

Vent-en-Panne hésita un instant s’il suivrait don Antonio Coronel, ou s’il demeurerait encore dans son embuscade, un mot prononcé par le Chat-Tigre lui fit prendre ce dernier parti.

— Vous avez donc été maltraité par les Frères de la Côte, mon cher capitaine ? dit-il.

— Maltraité, god Bless me ! s’écria Bothwell, en grinçant des dents, c’est-à-dire qu’ils m’ont infligé les plus ignobles avanies ; qu’ils m’ont déshonoré aux yeux de tous ! mais vive Dieu, je me vengerai !

— Ah ! ah ! reprit le Chat-Tigre en riant, vous qui vous prétendiez invulnérable, capitaine, vous avez donc enfin été mordu au talon ?

— Oui, fit-il avec amertume, et la blessure est incurable.

— Vous le voyez, les rôles sont changés ; aujourd’hui c’est vous qui réclamez mon appui ; mais je serai plus généreux que vous, je ne vous imposerai pas de conditions trop dures.

— Faites comme il vous plaira ; je vous le dis nettement, si dures que soient ces conditions, je les accepte d’avance.

— Ah ! diable ! vous devez avoir été rudement sanglé pour leur garder une si vive rancune ; mes conditions les voici : alliance offensive et défensive ; de plus nous confondrons nos deux vengeances en une seule.

— J’accepte ; il n’y a qu’un point, je vous en avertis tout d’abord, sur lequel je ne vous servirai pas ; c’est une question d’honneur et d’amour-propre, avec laquelle je ne transigerai jamais.

— Quelle est cette question ?

— La prise de l’île de la Tortue ; je sais bien que je