Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/54

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d’ici, au coin de la rue de la Vieille-Pelleterie, à l’enseigne de la Bonne Foi.

— Diantre ! fit le voyageur avec un sourire légèrement ironique, voilà de véritables titres de noblesse !

— N’est-ce pas ? fit l’autre en se rengorgeant.

— Certes, et je suis très-honoré de vous connaître, maître Jérôme-Dieudonné Parizot.

— Croyez bien que tout l’honneur est pour moi, monsieur… ?

— André ; je me nomme le capitaine André. Un autre pichet et un autre gobelet ! ajouta-t-il en happant un garçon par sa houppelande.

— Je me doutais que vous étiez soldat.

— Voyez-vous cela ? fit le capitaine en souriant.

— Oui ; le père de ma femme fait partie de la milice bourgeoise.

— Oh ! alors, vous devez vous y connaître !

En ce moment, le garçon mit sur la table le vin et le gobelet demandés.

Le soi-disant capitaine emplit les deux gobelets.

— À votre santé ! dit-il, maître Parizot.

— À la vôtre ! capitaine.

Ils trinquèrent et burent.

— Le vin est bon ici, fit le capitaine en reposant son gobelet vide.

— Oui, la Pomme de Pin est renommée.

— Ah ! ça, maître Parizot, comment se fait-il que vous m’ayez reconnu pour étranger ! Ai-je donc l’air d’être de province ?

— Nullement, capitaine ! bien loin de là, seulement, regardez votre chapeau.

— Eh bien ! je le regarde ; qu’a-t-il d’extraordinaire ?

— Eh ! eh ! fit le bourgeois en riant, vous ne voyez pas, c’est cependant bien facile à apercevoir.

— Ma foi ! je vous avoue…