Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous avez sans doute supposé à l’instant, que j’avais faussé la parole que je vous ai donnée ; que j’avais tué ou fait tuer, ces deux jeunes gens ? convenez-en, docteur ?

— J’en conviens ; j’ai eu cette pensée.

— Et peut-être vous l’avez encore : eh bien ! docteur, vous vous êtes, ou plutôt vous vous trompez ; cela me peine d’être aussi mal connu de vous, qui m’avez vu naître ; non, je n’ai pas tué, ou fait tuer mes ennemis ; pas un cheveu n’est tombé de leur tête ; pour la seconde fois, je vous en donne ma parole de gentilhomme ! me croyez-vous ?

— Certes, je vous crois ; je suis heureux de cette affirmation ; que sont-ils donc devenus ?

— Ceci est mon secret ; peut-être l’apprendrez-vous un jour par eux-mêmes, s’ils reparaissent jamais, ce dont je doute ; qu’il vous suffise de savoir qu’ils sont saufs et hors de mon pouvoir.

— Je n’insisterai pas davantage sur ce sujet ; je vous remercie, mon cher Ludovic.

Le jeune homme s’inclina.

— Passons à ce qui me regarde directement ; ma sœur ?

— Ainsi que vous m’en avez prié, je l’ai fait transporter au château de Labaume. Par un hasard providentiel, nul, pas même votre mère, ne s’était aperçu de son enlèvement. Lorsque la pauvre Sancia s’est éveillée, elle a été toute surprise de me voir à son chevet. Je lui ai en deux mots expliqué ma présence ; et cela d’autant plus facilement, que depuis quelques jours, appelé de Paris, par elle-même, ainsi que vous le savez, je lui faisais de fréquentes visites ; elle n’a conservé aucun souvenir de ce qui s’est passé depuis son enlèvement ; j’ai réussi, avec assez de difficultés, à lui persuader qu’elle s’était trompée ; que jamais elle n’avait été grosse ; que par conséquent elle n’avait pas à redouter les suites de sa faute ; ou plutôt du crime de son séducteur. Cette assurance lui a rendu le courage et a puissamment aidé à son rétablissement ; au-