Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/66

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jourd’hui elle est convaincue de la vérité de ce que je lui ai dit ; depuis quinze jours Mme de Labaume et notre chère Sancia sont arrivées à Paris ; j’ai acheté pour elles, sur les fonds que vous m’avez confiés, un hôtel situé dans cette rue ; à quelques pas à peine de celui-ci. Ces dames seront très heureuses de vous voir ; votre longue absence les inquiète, Sancia me parle de vous chaque fois que je lui fais visite. Êtes-vous satisfait ? ai-je bien compris vos intentions ?

— Les expressions me manquent, mon cher docteur, dit le comte avec émotion ; pour vous exprimer ma gratitude ; ce que vous avez fait ne m’étonne pas ; je savais à l’avance que je pouvais compter sur vous ; puis-je y compter encore ?

— Toujours, mon cher enfant, pour tout ce qui dépendra de moi.

— Bien entendu ; fit le comte avec un léger sourire.

Il y eut un court silence, chacun des deux interlocuteurs réfléchissait.

Le comte prit plusieurs papiers dans une poche de son pourpoint et les conservant dans sa main :

— Mon cher docteur, reprit-il ; ce que vous avez fait jusqu’à présent pour moi n’est rien, en comparaison de ce que j’attends encore de vous ?

— Expliquez-vous ?

— Pardon, je m’aperçois que vous n’avez pas dépouillé votre courrier.

— En effet, j’allais le faire quand vous êtes entré.

— Que je ne vous gêne pas.

— Oh ! rien ne presse.

— Peut-être ? lisez ces quelques lettres qui sont là.

— À quoi bon ?

— Je vous en prie.

Le docteur lui jeta un regard interrogateur ; le comte sourit et fit un geste affirmatif ; le médecin, assez surpris, se décida à ouvrir les lettres.

Quelques minutes s’écoulèrent ; tout à coup le docteur se redressa.