Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/7

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résolûment la pointe de la petite baie au fond de laquelle la ville s’abrite ; et mettait le cap sur la plage, au risque de se briser contre les rochers, que la mer balayait sans cesse avec furie.

Cette barque portait un fanal allumé à son avant ; rougeâtre étoile qui s’élevait et s’abaissait à chaque seconde, pour échanger des signaux mystérieux avec une maison isolée, derrière les fenêtres de laquelle brillaient et s’éteignaient tour-à-tour, des lumières de différentes couleurs.

Malgré les difficultés presqu’insurmontables, d’un atterrissage de nuit dans des conditions aussi mauvaises, le lougre manœuvré sans doute par un marin intrépide et surtout habile, réussit à atteindre une espèce de quai de quelques toises de long, construit en pierres sèches, et en quartiers de roches, servant de débarcadère ; il l’élοngea doucement, s’y amarra, et demeura enfin immobile dans ce refuge où il ne courait plus aucun danger.

L’équipage du lougre paraissait être assez nombreux ; il achevait cette manœuvre délicate, au moment où les cavaliers dont nous avons parlé plus haut, débouchaient sur la plage.

Les cavaliers s’arrêtèrent à portée de pistolet du quai ; celui qui avait ramassé la lanterne l’éleva deux fois au-dessus de sa tête ; une lanterne fut aussitôt levée deux fois sur le pont du lougre ; le même signal fut répété par les fenêtres de la maison isolée.

Alors, sur un geste muet de celui qui semblait être leur chef, quatre des cavaliers tournèrent bride ; ils allèrent, le pistolet au poing, se placer à l’entrée des deux rues qui, à cette époque, débouchaient sur la plage.

Les deux derniers mirent pied à terre, attachèrent leurs chevaux aux contrevents d’une maison qui se trouvait à leur portée, puis ils se dirigèrent à grands pas vers le navire mystérieux.

Les gens de l’équipage du lougre avaient, eux aussi,