manières et les habitudes de sa personne avaient cette élégance native qui, à cette époque, faisait du premier coup d’œil, reconnaître un gentilhomme.
Son costume était, ainsi qu’on dirait aujourd’hui, d’une excentricité et d’une originalité suprêmes ; du reste il le portait avec une grâce et une aisance inimitables.
Il portait un justaucorps de drap gris garni sur toutes les coutures d’un quadruple galon d’or ; un baudrier de velours cramoisi brodé et passementé d’or soutenait sa large épée de combat ; sa cravate en point de malines, était attachée par un ruban de satin couleur de feu, qui jetait de chatoyants reflets sur son gilet de drap d’or, recouvert sans être caché par le pourpoint si richement galonné ; ses bottes noires et molles, laissaient échapper autours de leurs soufflets des flots de dentelle de Flandre à festons pointus ; il tenait à la main son chapeau brodé d’or, orné de deux longues plumes rouges, tombant à droite sur la passe à demi-rabattue.
Sauf la perruque blonde aux boucles larges et flottantes ornées de rubans, et que notre personnage ne portait pas, sans doute par dédain, ce costume des plus coquets, était celui adopté à cette époque par les plus élégants coureurs de ruelles.
Ce personnage singulier fit quelques pas au-devant du commandant qui, de son côté, s’avançait vers lui ; tous deux se saluèrent courtoisement ; puis l’inconnu remit son chapeau et l’entretien s’engagea, non cependant, sans que le commandant eût donné à l’officier de quart, l’ordre de faire distribuer des rafraîchissements aux boucaniers ; ce qui parut causer un vif plaisir à ceux-ci.
L’équipage s’était retiré sur l’avant du navire ; les officiers étaient passés sous le vent par déférence pour leur chef ; de sorte que M. de Lartigues et son étrange visiteur se trouvèrent seuls sur le château d’arrière, libres de causer tout à leur aise, sans crainte d’être entendus.