Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce fut le commandant qui prit le premier la parole.

— Soyez le bienvenu à bord du vaisseau de Sa Majesté, le Robuste, monsieur, dit-il galamment.

— Vous ne vous attendiez guère à recevoir ma visite, n’est-ce pas, monsieur le commandant ? répondit l’étranger avec un sourire.

— Je vous l’avoue, monsieur ; mais je vous le répète, vous n’en êtes pas moins le bienvenu.

— Je vous remercie de ces cordiales paroles, monsieur.

— Serait-il indiscret de vous demander le motif de votre arrivée matinale à mon bord ?

— Nullement, monsieur ; le désir de vous être agréable, tout simplement.

— Je vous remercie à mon tour, monsieur ; cependant je ne saisis pas bien en quoi…

— Je puis vous servir ? interrompit l’étranger avec bonhomie.

— C’est cela même, monsieur, ponctua M. de Lartigues.

— Je m’explique ; c’est…

— Pardon de vous interrompre ; me ferez-vous la grâce de m’accompagner dans ma dunette ? Assis face à face, un flacon de vin de France entre nous, nous causerons plus agréablement.

— J’accepte de grand cœur votre offre courtoise, monsieur, mais je crois que vous feriez bien avant cela, de donner l’ordre d’amarrer les canons, et de renvoyer l’équipage sous les ponts.

— Comment ! monsieur ! s’écria le commandant avec surprise ; donner un pareil ordre, lorsque j’ai en vue deux bâtiments que tout me fait supposer être ennemis ! C’est impossible !

— Un des deux l’était, monsieur ; maintenant il n’en est plus ainsi, je vous l’affirme. Regardez-les. Pendant que vous avez mis en panne, ils ont viré de bord, se sont rapprochés de vous ; maintenant ils ont imité