Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/99

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votre manœuvre et se tiennent sur le mât, sous le feu de vos batteries.

— En effet, répondit le commandant, après un instant employé à examiner attentivement les deux navires ; que signifie cela ?

— Je vous l’ai dit, monsieur, ces bâtiments sont amis.

— Amis ? Vous me l’affirmez ?

— Sur l’honneur.

— Un mot encore, monsieur ?

— À vos ordres, commandant.

— À qui ai-je l’honneur de parler ?

— Je suis le capitaine Vent-en-Panne, répondit-il simplement ; comme si ce singulier pseudonyme devait suffire.

— Le célèbre boucanier dont la réputation égale celle des Montbarts, des Laurent et des Ourson-tête-de-fer ? s’écria M. de Lartigues avec une surprise qui était presque de l’admiration.

— Oh ! monsieur ! répondit le boucanier avec bonhomie, je suis bien loin de valoir les hommes auxquels il vous plaît de m’assimiler ; je ne les suis que de très-loin.

— C’est trop de modestie, mon cher capitaine ; votre main, s’il vous plaît ?

— La voilà, monsieur ; vous me faites trop d’honneur.

Les deux hommes échangèrent alors une cordiale poignée de mains.

Puis à la surprise générale, M. de Lartigues donna l’ordre de cesser le branle-bas de combat ; de remettre tout en ordre, et de ne conserver sur le pont que la bordée de quart.

Tandis que les officiers, qui ne comprenaient rien à la conduite extraordinaire de leur commandant, se hâtaient cependant de faire exécuter ses ordres, celui-ci entraînait Vent-en-Panne dans la dunette, en lui disant avec un gracieux sourire :