Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/103

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les señoras, nous nous en défaisons très-bien ; aujourd’hui par exemple, nous sommes allés visiter le duc de la Torre ; vous connaissez le duc de la Torre ? vous en avez entendu parler, tout au moins ?

— Oui je le connais ; vous lui avez vendu quelque chose ?

— À lui non, mais à madame la duchesse et à sa fille.

— C’est bien ainsi que je le comprends, vous êtes restés assez longtemps dans cette maison ?

— Je ne saurais trop vous dire ? peut-être une heure, peut-être deux ; vous savez ce que c’est qu’un marchand, qui veut se défaire de sa marchandise ; il déploie tous les moyens de persuasion en son pouvoir ; mais je crois que nous sommes à peine restés une heure ou une heure un quart dans l’hôtel du duc.

— Vous vous trompez.

— Comment trompés ?

— Je dis trompés ; vous êtes restés dans cette maison trois heures et demie.

— Comment le savez-vous ?

— Caraï ! bien facilement, je vous attendais à la porte ; il n’y a que lorsque je vous ai vus sortir, que je suis venu ici.

— Vous nous attendiez à la porte ? dit l’Olonnais en fronçant le sourcil ; pourquoi cela ?

— Eh ! mon Dieu ! toujours à cause de ces bruits que l’on fait courir.

— Ceci, señor, demande une explication.

— L’explication est bien facile à donner, vous allez voir.

— Je l’attends, señor don Pedro ; j’ajouterai même que je l’attends avec impatience.

— Vous vous fâchez ?

— Caraï ! comment voulez-vous qu’il en soit autrement ! comment, moi, étranger dans cette ville, où je viens, pour la première fois, dans un but honnête, avoué ; muni de toutes les pièces pouvant au besoin