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Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/110

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nous conduisez, señor, nous avons quelque chose à redouter ?

— Pas la moindre que je sache ; mais les têtes sont chaudes après boire ; une querelle s’élève sans qu’on sache pourquoi ; à mon avis, il est toujours bon d’être en mesure de se défendre.

— Oh ! quant à cela, soyez tranquille ; sans compter nos machetes, que vous voyez, nous portons d’autres armes avec lesquelles, nous saurions au besoin nous faire respecter.

— Alors en avant et à la garde de Dieu ! surtout laissez-vous guider par moi ?

— Vous serez satisfait ; d’autant plus que nous ignorons complètement, où vous nous conduisez, et que d’après ce que vous nous dites, nous croyons comprendre qu’il est surtout important pour nous, de veiller sur nos gestes et sur nos paroles.

— C’est plaisir d’avoir affaire à des gens intelligents, comprenant à demi-mot ; dit l’haciendero, en éclatant du gros rire dont il avait l’habitude.

Au temps de la domination Espagnole, le Mexique était tout différent de ce qu’il est aujourd’hui ; il serait même impossible d’établir une comparaison quelconque entre son état actuel, et celui où il se trouvait alors.

La population était courbée sous un joug de fer ; les lois exécutées avec une rigidité implacable.

Cependant, comme il fallait laisser dans les grandes villes et les ports de mer, une soupape aux passions exhubérantes de ces natures méridionales, il existait, tolérées plutôt qu’autorisées par la police, dans les bas quartiers des villes et des ports, des maisons plus que suspectes, repaires de drôles de la pire espèce, rebut de la population ; gens de sac et de corde qui venaient là en toute sûreté, dissiper le produit de leurs rapines et ourdir leurs trames criminelles.

Ces espèces de Tapis-francs, pour nous servir d’une expression française qui rend parfaitement notre pen-