Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/109

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cun d’un machete, espèce de sabre droit à lame très-large, attaché aux hanches par un ceinturon en cuir, et retenu par un anneau de fer en guise de fourreau ; de plus ils avaient caché dans leur ceinture de crêpe de Chine, un poignard et une paire d’excellents pistolets.

Nous ne parlerons que pour mémoire du zarape, cette couverture fendue au milieu qui sert de manteau aux Mexicains ; que dans le jour ils portent sur l’épaule, mais dont au besoin, ils se font un bouclier.

La façon dont on les avait accueillis, à leur entrée à l’Ordinaire, avait légèrement inquiété l’Olonnais ; on comprend qu’il ne se souciait pas d’avoir une querelle, dont le résultat ne pouvait qu’être désavantageux pour son compagnon et lui.

Aussi fut-il agréablement surpris, lorsqu’au bout d’un quart d’heure, la conversation devenant presque générale entre les convives, ceux-ci ne semblèrent plus s’occuper que de leurs affaires particulières, et parurent avoir totalement oublié les étrangers.

De plus, vers la fin du repas, certains des convives, après quelques mots échangés à voix basse avec l’haciendero, entamèrent une courte conversation avec les deux arrieros, sans leur témoigner aucune aigreur.

Enfin, le dîner terminé, les trois hommes payèrent leur écot et sortirent, avec la satisfaction de voir que les saluts qu’ils distribuaient, leur étaient courtoisement rendus.

— À présent, dit don Pedro à ses amis, nous allons, si vous le voulez bien, nous rendre au Velorio.

— Nous sommes à vos ordres, señor, répondit l’Olonnais.

— À propos, êtes-vous armés ?

— Armés ? pourquoi faire ? se récrièrent les deux jeunes gens.

— Pour rien, fit l’haciendero avec une nuance d’embarras ; vous le savez, il est bon d’être prudent.

— Est-ce que par hasard, dans l’endroit où vous