Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/127

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— Non, pas encore, il faut que je sorte.

— Comment tu veux sortir ? si tard ; tu ne remarques pas qu’il est près d’onze heures ?

— Si fait je le remarque ; malheureusement quoi qu’il arrive je ne puis demeurer ici ?

— Pourquoi donc cela ?

— Pardieu, par une raison toute simple, ne faut-il pas avertir le duc de ce qui se trame contre lui ?

— Ah, diable c’est juste ! comment faire ?

— Que cela ne t’inquiète pas ; il m’a fourni le moyen de m’introduire chez lui à quelque heure que ce soit.

— Alors ne perdons pas de temps ; partons tout de suite ; dit Pitrians en remettant en toute hâte ceux de ses vêtements que déjà il avait quittés et jetés sur un équipal.

— Que fais-tu donc ? lui demanda l’Olonnais.

— Comment ce que je fais ?

— Oui.

— Eh bien, mais tu le vois, je me prépare à t’accompagner.

— Oh ! cela n’est pas nécessaire.

— Pardon, je trouve au contraire que c’est indispensable, et surtout après l’affaire de ce soir ; en toutes circonstances, surtout au Mexique, deux hommes valent mieux qu’un seul, d’ailleurs il est inutile de discuter là-dessus, j’ai résolu de t’accompagner, je t’accompagnerai ; allons, partons.

— Eh mais ! s’écria tout à coup l’Olonnais, en apercevant une lettre posée sur une table, qu’est-ce que cela ?

— Ce n’est pas difficile à deviner, c’est une lettre : elle sera arrivée pendant notre absence et notre hôte nous aura fait la gracieuseté de la monter.

— En effet, ce doit être cela ? dit l’Olonnais en ouvrant la lettre.

Cette lettre ne contenait que quelques lignes ; il la parcourut rapidement du regard, puis il la replia soigneusement et la serra dans sa poitrine.