Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/128

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— Diable ! fit Pitrians qui ne quittait pas son ami des yeux, voilà une missive intéressante.

— Qui te fait supposer cela ? demanda l’Olonnais avec un léger embarras.

— Ton émotion d’abord ; ensuite le soin avec lequel, après avoir lue, tu as replié cette lettre.

— Diable ! cher ami, sais-tu que tu ferais un excellent inquisiteur ! dit l’Olonnais en essayant de voiler son désappointement sous un sourire.

— Oui, oui ! plaisante ; ce que j’ai dit, n’en est pas moins vrai ; partons-nous ?

— Quand tu voudras.

Les deux hommes, soigneusement embossés dans leurs manteaux, traversèrent rapidement les rues de la ville ; bientôt ils atteignirent l’hôtel du duc de la Torre.

L’Olonnais après avoir reconnu la porte que le duc lui avait indiquée, s’en approcha, introduisit doucement la clé dans la serrure, fit jouer le pêne, la porte s’ouvrit et les deux hommes se trouvèrent dans la huerta de l’hôtel.

L’obscurité était profonde, mais non pas assez pour les empêcher de se diriger.

L’Olonnais laissa Pitrians près de la porte afin d’en surveiller les abords, puis il s’avança à pas de loups, à travers les allées.

Après quelques minutes, il vit briller une lueur assez faible à travers les volets mal fermés d’une espèce de fabrique, ressemblant assez aux kiosques de nos jardins actuels.

Le jeune homme s’approcha de la porte de ce kiosque et frappa légèrement.

— Entrez, répondit le duc.

En un instant la porte fut ouverte et refermée et les deux hommes se trouvèrent face à face.

— Je ne vous attendais pas aussi promptement, dit gravement le duc en tendant la main à l’Olonnais ; je vous ai vu il y a quelques heures à peine ; je vous avoue que je n’étais venu ici que par acquit de conscience.