avec intention sur chaque mot, ne révéler sous aucun prétexte, nos projets au duc de la Torre ; d’abord parce qu’il est Espagnol, qu’il aime son pays et que malgré les machinations que l’on trame dans l’ombre contre lui, il est capable de se laisser entraîner par patriotisme, non pas à nous trahir, mais au moment décisif de se mettre contre nous.
— Bien, capitaine, je ne l’oublierai pas, mais les dames ?
— Ah ! les dames ! c’est autre chose ; je laisse cela à la prudence de l’Olonnais ; il doit savoir, lui, quel degré de confiance il peut accorder à la duchesse et à sa fille ; seulement avant, que de rien dire, qu’il tâte bien le terrain ; qu’il ne s’avance qu’à coup sûr ; la plus légère imprudence nous perdrait ; tu m’as bien compris, Pitrians ?
— Parfaitement, capitaine ; je vous promets que je n’oublierai pas un mot de ce que vous m’avez dit. Tout est là, dit-il en touchant son front avec l’index de la main droite ; mais je voulais encore vous adresser une question ?
— Laquelle, mon garçon ? dépêche-toi, les heures s’écoulent rapidement, bientôt il nous faudra partir.
— Oh ! je n’en ai pas pour longtemps.
— Alors, fais vite, que veux-tu ?
— Je voudrais savoir, capitaine, si nous devons, comme aujourd’hui, allumer un feu sur la pointe ?
— Pitrians, mon ami, tu es un imbécile.
— Merci, capitaine ; pourquoi cela, s’il vous plaît ?
— Ne t’ai-je pas dit que je serais ici dans vingt jours, jour pour jour ; heure pour heure, à compter de celui-ci ?
— Oui, c’est vrai, capitaine, vous me l’avez dit.
— Eh bien, double brute, tu ne comprends pas ?
— Ma foi non ; je l’avoue à ma honte.
— Mais, animal, tu n’auras pas de signal à me faire, puisque je serai ici, ce sera à toi à me venir trouver si tu veux me voir.
— Ah ! par exemple, capitaine, vous avez joliment rai-