Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/175

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Alors les frères de la Côte se détachèrent de la foule les uns après les autres et montèrent sur l’estrade, où ils se tinrent prêts à répondre aux questions de Vent-en-Panne et à celles des autres capitaines de l’expédition.

L’examen fut très-sérieux, beaucoup d’individus furent repoussés ; Vent-en-Panne se montra d’autant plus sévère dans son choix, qu’il savait que les hommes ne lui manqueraient pas ; il ne voulait prendre avec lui que des flibustiers déterminés et bien connus surtout.

Rien n’était curieux, comme les efforts que faisaient ces braves gens pour se faire accepter de lui au nombre de ceux qui allaient risquer de se faire casser la tête dans une expédition dont ils ignoraient le but ; le dépit qu’ils éprouvaient en se voyant refusés, contraints qu’ils étaient de traverser la foule de leurs camarades plus heureux, qui les accueillaient avec des sifflets, des moqueries et des quolibets.

Les enrôlement durèrent deux jours ; le deuxième jour à cinq heures du soir, douze cents hommes, les plus déterminés de la colonie, avaient juré et signé la charte-partie.

Vent-en-Panne fit alors remettre par M. d’Ogeron des commissions aux capitaines placés sous ses ordres ; puis il annonça que le lendemain à dix heures du matin, tous les enrôlés devraient être rendus à bord de leurs navires respectifs, pour passer la revue et l’inspection de partance.

En effet le lendemain, à l’heure dite, Vent-en-Panne accompagné de M. d’Ogeron, passa une revue générale de tous les équipages ; puis il ordonna que l’amatelotage fût fait pour midi, parce que à midi et demie, la flotte mettrait sous voiles.

Nous avons déjà, dans de précédents ouvrages, parlé de l’amatelotage, nous n’en dirons donc ici qu’un seul mot.

Lorsqu’un frère de la Côte s’engageait sur un navire pour une expédition, il faisait choix d’un compagnon