Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/176

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avec lequel il s’amatelotait pour tout le temps de cette expédition. Tout devenait alors commun entre les deux hommes ; ils étaient tenus de s’entr’aider et de se défendre mutuellement ; si l’un était blessé, l’autre était forcé de le porter sur ses épaules, soit à l’ambulance, soit dans un endroit où il fût à l’abri des atteintes de l’ennemi.

D midi et demie, Vent-en-Panne hissa à la tête du mât de misaine le signal de départ. Les navires virèrent aussitôt leurs ancres, larguèrent les voiles, et les cinq navires gagnèrent le large.

Ces cinq bâtiments étaient : Le vaisseau la Trinidad de cinquante-quatre canons, commandé par Vent-en-Panne, amiral de la flotte ; le Brick l’Alerte, de douze canons, capitaine David, le Brick le Bourru, de douze canons, capitaine le beau Laurent, la corvette la Psyché prise espagnole de vingt-six canons, capitaine Montauban et la gοëlette Panama, autre prise de dix canons, capitaine Michel le Basque.

Cette flotte portait, ainsi que nous l’avons dit, douze cents hommes résolus et bien armés ; c’était en réalité une expédition formidable et qui, si elle réussissait à surprendre les Espagnols, pourrait leur causer beaucoup de mal.

Vers quatre heures du soir, lorsqu’on eut complétement perdu la terre de vue, sur un signal du vaisseau amiral, les bâtiments de la flotte mirent sur le mât, et chaque capitaine annonça à son équipage que le but de l’expédition projetée, était la ville de la Vera-Cruz, dont on avait résolu de s’emparer.

Cette nouvelle fut accueillie avec des trépignements de joie par les frères de la Côte ; puis on remit le cap en route.

Depuis le départ, Vent-en-Panne n’avait pas eu un instant à lui, et n’avait pas quitté le pont une seconde ; il remit le quart à Pierre Franc, un des officiers de son navire et se retira dans sa cabine, pour se reposer et prendre un peu de nourriture, dont il avait grand besoin.