Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/183

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yeux certains papiers qui vous fourniront la preuve péremptoire de notre honorabilité, et combien doit être grande notre indignation, à la seule pensée qu’un soupçon puisse nous atteindre.

Ces paroles furent prononcées avec un accent si noble et en même temps si ferme, que le juge en fut frappé.

— Où sont ces papiers ? demanda-t-il.

— Les voici, señor ; répondit le jeune homme, en retirant un portefeuille de la poche de côté de son dolman, et en sortant quelques papiers qu’il présenta au juge.

Ainsi que le sait le lecteur, Vent-en-Panne avait réussi, ce qui ne lui avait pas été difficile, à se procurer des papiers d’une authenticité incontestable, et en assez grand nombre ; il les avait donnés aux deux jeunes gens avant de les mettre à terre, afin qu’il pussent prouver leur identité, au cas où se présenterait une circonstance embarrassante, comme celle dans laquelle ils se trouvaient en ce moment.

L’Olonnais s’était chargé de garder ses papiers ainsi que ceux de son ami.

Jusque-là, les deux jeunes gens n’avaient pas eu besoin d’en faire usage, mais le moment était venu enfin de s’en servir, aussi l’Olonnais n’hésita-t-il pas à les montrer.

Le Juez de Letras, ouvrit les papiers les uns après les autres et les parcourut avec une sérieuse attention ; cet examen se prolongea pendant près de trois quarts d’heure, durant lesquels le magistrat ne laissa pas que de jeter des regards sournois sur les deux jeunes gens, chaque fois qu’il pensa ne pas être observé par eux ; mais ceux-ci étant sur leurs gardes ; il ne surprit rien sur leurs visages, qui pût l’éclairer d’une façon ou d’une autre ; enfin lorsqu’il eut lu et relu ces papiers, le magistrat les replia méthodiquement, et les rendit à l’Olonnais, en lui disant, tout en faisant clignoter ses petits yeux gris :