Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/188

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mêlés avec la police ; nous ne sortirons pas toujours, aussi facilement de ses griffes que nous l’avons fait aujourd’hui.

— Oui, mais comment nous en garder ?

— Ah ! voilà ! c’est précisément pour cela que je t’ai conduit ici afin de m’entendre avec toi.

— Hum ! je te confesse que quant à moi, je suis fort embarrassé pour te répondre ; je ne sais pas du tout quel moyen employer ; ce qui est certain, c’est que nous sommes surveillés, espionnés, et cela si bel et si bien, que nous ne pouvons plus faire un pas sans avoir derrière nous un mouchard.

— Ceci est d’une exactitude mathématique, je n’essaie même pas de le discuter ; le cas est d’autant plus difficile pour nous, qu’il nous faut à la fois veiller sur nous et sur le duc de la Torre.

— Oh ! le duc de la Torre n’a rien à craindre, tant qu’il restera à la Vera-Cruz.

— Détrompe-toi, cher ami, j’ai appris hier, par l’entremise de don Pedro Garcias, qui est définitivement notre providence, une nouvelle à laquelle j’étais loin de m’attendre, et qui me montre à quel point en est arrivée la haine des ennemis du duc. Sais-tu ce qui se passe ?

— J’attends que tu me renseignes.

— C’est vrai ; eh bien écoute ! Aujourd’hui, entre quatre et cinq heures du soir, arrivera à la Vera-Cruz, un courrier expédié par le vice-roi de la nouvelle Espagne ; tu as entendu dire, n’est-ce pas, par le duc, qu’il avait demandé au vice-roi l’autorisation de se retirer, jusqu’à son départ pour le Pérou, dans une ville de la région des terres tempérées, afin de ne pas laisser sa famille exposée au vomito negro ?

— Oui, et si j’ai bonne mémoire, le duc nous a affirmé que cette autorisation lui avait gracieusement été accordée par le vice-roi.

— Eh bien ! cher ami, cette autorisation si gracieusement accordée, comme tu le dis si bien, n’était qu’un