Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mission, que cela me compromettrait ; et ceci et cela ; enfin, il me donnait une foule de raisons, toutes meilleures les unes que les autres, mais que je n’ai pas voulu écouter.

— Vous vous êtes conduit en honnête homme et en ami sincère, don Pedro.

— Eh, monseigneur ce que j’ai fait est tout naturel ; si l’on a des amis, c’est pour s’en servir quand on est dans l’embarras.

— Mais ce jeune homme n’était pas seul ? reprit le duc avec intérêt ; il avait un compagnon, dont vous ne m’avez pas parlé ; lui serait-il arrivé malheur ?

— Non, grâce à Dieu ! il paraît qu’après s’être défendu comme un lion, sans avoir reçu une égratignure, il a réussi à s’échapper ; sans que, malgré toutes les recherches, il ait été possible de retrouver ses traces.

— Pauvre jeune homme ! que deviendra-t-il dans ce pays, où maintenant tout le monde lui sera hostile ?

— Tout le monde, c’est trop dire, Monseigneur ; je compte aussitôt après avoir quitté Votre Excellence, me rendre à Medellin ; je connais le pays mieux que personne ; dès mon arrivée là-bas, je me mettrai à la recherche du fugitif ; je me doute à peu près de l’endroit où il s’est réfugié ; si je le trouve, je vous jure que je le mettrai dans une cachette où il sera en sûreté jusqu’à ce que j’aie trouvé un moyen de lui faire quitter le pays.

— Allons, définitivement, don Pedro, vous êtes un brave et digne homme ; encore une fois je vous remercie ; non pas de m’avoir apporté cette clé et cette lettre, qui pour moi, sont sans importance, mais à cause du dévouement que vous montrez à vos amis. J’ai bien peu de pouvoir en ce moment, mais un jour viendra et bientôt je l’espère, où ma situation changera, et alors je me souviendrai de vous, señor.

En parlant ainsi le duc de la Torre s’était levé ; don Pedro Garcias comprit qu’il était temps de prendre congé, il salua le duc et se retira.