caverne dont la bouche s’ouvre du côté de la mer ; tu me comprends bien ?
— Dame, tout cela est bien simple.
— C’est dans cette caverne que tu rencontreras notre homme ; il y a cent à parier contre un qu’il dormira ; si tu sais t’arranger, rien ne te sera plus facile que de le surprendre, du reste cela te regarde ; le principal est de réussir ; sur ce, cher ami, comme dans ce moment même des affaires importantes nécessitent ma présence à la forteresse, tu me permettras de te quitter.
— Quand et où nous reverrons-nous ?
— Ce soir de sept à huit au Velorio de las Ventanas.
— Tu veux donc me faire lapider ?
— Non, sois tranquille ; dit-il en riant, j’ai si bien expliqué la scène en question que tu passes à présent aux yeux de tous, pour un honnête homme calomnié, victime d’un horrible guet-apens ; allons, au revoir.
— Au revoir ; dit Bothwell.
Le Chat-Tigre sortit.
Au xviie siècle, les principes philanthropiques étaient presque ignorés et pas du tout appliqués, surtout en Amérique. Les Espagnols, — ou du moins le gouvernement espagnol, car il serait à notre avis souverainement injuste de rendre la nation responsable de la barbarie de son gouvernement ; — les Espagnols disons-nous, ne se sont jamais piqués de douceur ; la justice de leur pays a toujours employé avec ceux qu’elle prétendait coupable, des moyens de coercition, hautement réprouvés, même à cette époque, comme trop barbares par toutes les nations.
L’Olonnais, après être tombé, grâce à une odieuse trahison, entre les mains du Chat-Tigre, avait été conduit directement à la forteresse ; là, après l’avoir fouillé minutieusement, sous prétexte de s’assurer qu’il n’avait pas d’armes cachées ; mais en réalité, afin de s’emparer de son argent ; on l’avait jeté dans un cachot infect et boueux, creusé à une quinzaine de pieds au-dessous du sol, et ne recevant l’air extérieur que par une étroite