meurtrière, percée presqu’à la hauteur de la voûte. Puis la porte avait été fermée, et on l’avait abandonné à ses tristes réflexions. Le jeune homme avait bravement supporté ce traitement indigne ; il avait même eu le courage de ne pas laisser échapper une plainte.
Plusieurs heures s’étaient écoulées ainsi ; l’Olonnais ne savait trop ce qu’on prétendait faire de lui, quand la porte du cachot s’ouvrit, et livra passage à un guichetier tenant une torche dans sa main, et à un autre personnage, revêtu d’un uniforme militaire.
Ce second personnage était don Antonio de la Sorga Caballos, gouverneur de la Vera-Cruz.
Après avoir jeté un regard de dégoût autour de lui, le gouverneur se tourna vers le guichetier.
— Qui a donné l’ordre, dit-il en fronçant le sourcil, de mettre le prisonnier dans ce cloaque infect et infâme ?
— Seigneurie, répondit le guichetier en s’inclinant, cet ordre a été donné par l’officier qui a amené le prisonnier ; il a dit que V. E. exigeait que le prisonnier fût traité avec la dernière rigueur.
— Cet homme a menti, dit le gouverneur ; conduisez à l’instant ce prisonnier dans une des chambres hautes ; j’entends qu’il soit traité avec les plus grands égards.
Cette mansuétude, à laquelle l’Olonnais était si loin de s’attendre, augmenta considérablement son inquiétude, au lieu de la diminuer. Cependant il suivit le geôlier sans prononcer une parole, et pénétra à sa suite dans une chambre assez sale, assez mesquinement meublée, mais qui lui parut un palais, en comparaison du bouge ignoble dans lequel on l’avait jeté d’abord.
— Maintenant, laissez-moi seul avec le prisonnier ; reprit le gouverneur, et hâtez-vous d’exécuter les ordres que je vous ai donnés.
Le geôlier s’inclina et sortit. L’Olonnais demeura en tête à tête avec le gouverneur ; il y eut entre les deux hommes, un instant d’hésitation facile à comprendre ; enfin le gouverneur s’assit sur une chaise, fit signe à