— Tout ce qu’il y a de plus raide, sois tranquille ; répondit Pitrians avec un charmant sourire. Procédons par ordre ; où est mon camarade l’Olonnais ?
— Ah ! c’était donc l’Olonnais ! s’écria Bothwell en bondissant de fureur, et faisant un effort surhumain pour rompre ses liens.
— Oui, l’Olonnais, je puis vous dire cela, parce que je suis certain que vous n’irez pas le répéter ; calmez-vous et répondez-moi.
— L’Olonnais est prisonnier dans la forteresse, dont il ne sortira, que pour être pendu.
— Amen ; dit Pitrians avec onction ; mais cela n’est pas fait encore ; entre la coupe et les lèvres, il y a un abîme. C’est étonnant, ajouta-t-il en se parlant à lui-même, comme je trouve des proverbes depuis que je suis déguisé en Espagnol, cela tient à l’habit probablement ; puis s’adressant au bandit : Quand l’Olonnais doit-il être pendu, cher ami ?
— Dans deux jours, trois au plus tard.
— Bon ; alors me voilà tranquille ; il est bien possible, que d’ici là d’autres se balancent à sa place au bout d’une corde.
— Que voulez-vous dire ?
— Qu’est-ce que cela vous fait, cher monsieur ? arrivons à vous ; qui vous a envoyé à ma recherche ?
— Le Chat-Tigre.
— Toujours malin comme un singe ce Chat-Tigre, fit Pitrians en raillant ; je ne connais personne pour réussir comme lui à faire des pattes de chat de ses amis. Il se serait bien gardé de se fourrer lui, dans un pareil guêpier ! Ma foi, cher monsieur, vous êtes trop bête, vous n’avez que ce que vous méritez ; mais comment êtes-vous venu tout droit ici ?
— Le Chat-Tigre m’a enseigné cette caverne, et m’a assuré que je vous y rencontrerais.
— Eh bien, vous le voyez, il n’a pas menti ; seulement il y a une variante, c’est moi qui vous ai rencontré. Comment le Chat-Tigre connaissait-il cette caverne ?