Au moment où elle achevait de donner cet ordre, le geôlier arriva en compagnie de Fleur-de-Mai ; la jeune fille, tenant en main son gelin et ses pistolets en ceinture, semblait, toute frêle et délicate qu’elle était, plutôt conduire le geôlier, que d’être conduite par lui.
La duchesse, en apercevant Fleur-de-Mai, qu’elle voyait pour la première fois, poussa un cri de surprise ; elle se préparait à l’interpeller assez vertement, lorsque doña Violenta, qui n’avait pas oublié la façon presque providentielle, dont la jeune fille était venue à son secours quand elle était perdue dans la forêt en compagnie de l’Olonnais, s’élança vivement au-devant d’elle, en s’écriant d’une voix joyeuse :
— Fleur-de-Mai ! vous ici ? soyez la bienvenue, mon amie ; votre présence ne peut être qu’un bonheur pour nous !
Le moment aurait été mal choisi pour demander des explications ; la duchesse remit donc à plus tard le soin de s’enquérir de ce qu’était la jeune fille ; elle congédia le geôlier, réitéra à Muñoz l’ordre de tout fermer, et les trois femmes se retirèrent dans le cabinet du duc.
— Chère mère, dit doña Violenta en embrassant la jeune fille, je vous présente mon amie Fleur-de-Mai, dont je vous ai parlé bien souvent ; c’est elle, qui lors de notre promenade dans les savanes de Saint-Domingue, m’a sauvée lorsque j’étais perdue dans la forêt.
Ces quelques mots suffirent pour rappeler à la duchesse, un événement qui, à l’époque où il s’était passé, lui avait causé une si grande douleur, suivie presque aussitôt d’une joie non moins grande ; elle attira la jeune fille dans ses bras et l’embrassa avec effusion.
— Chère mère, reprit doña Violenta ; croyez bien que ce n’est pas le hasard qui a conduit Fleur-de-Mai près de nous ; je suis convaincue qu’elle nous est envoyée par quelqu’un de nos amis.
La jeune fille sourit doucement.
— Oui, dit-elle de sa voix harmonieuse, tu as deviné, mon amie, je te suis envoyée par l’Olonnais ; les frères